Le corps d'une phrase

J’attache le prix à la phrase, ou à un rêve parce qu’il est plein de phrases. Je suis transportée par l’audace d’une virgule, séduite par des merveilles d’amphibologie, je relis mille fois ivre de m’y reperdre une période de Circonfession. J’ai des cahiers qui regorgent de phrases à plaisanteries je porte des anneaux de phrases aux poignets et aux chevilles, je lèche le corps d’une phrase, je suis les plis les creux les souffles le léger gonflement de la veine qui palpite le long d’une phrase érigée sous ma langue, j’attache du prix aux phrases de ma mère étrangère.

Hélène Cixous (Osnabrück)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.