Morgan, le chevalier sans peur

Morgan et Fée Des Bêtises s’engagent dans le

passage secret. Derrière eux, un petit vent frais

balaie la bibliothèque. Quelques feuilles de papier

volettent çà et là. Le mur se referme. La bibliothécaire

n’a rien remarqué.

De l’autre côté, Morgan est aussitôt pris de

vertige. Il est emporté par une spirale lumineuse.

En entrouvrant les yeux, il aperçoit brièvement

une calèche tirée par des chevaux, et des

messieurs portant des hauts-de-forme. Mais la

spirale l’emporte toujours plus loin. Il croit voir

un duel de mousquetaires, mais déjà la vision

s’éloigne. La chute dure longtemps. Morgan a

l’impression de voler dans un nuage de brume

aussi doux que du coton, aussi léger qu’une

aigrette de pissenlit.

Enfin, il ouvre les yeux pour de

bon. Il est allongé dans l’herbe

fraîche d’un pré. Son pantalon

s’est transformé en chausses

blanches. Son blouson de cuir a

été remplacé par un surcot bleu

azur et or. Il a vraiment l’air d’un

écuyer de neuf ans du Moyen Âge.

Fée Des Bêtises est assise près

de lui. Elle ressemble à une princesse

avec sa cotte bleu pâle et son surcot rouge.

Ses cheveux sont remontés en macarons sur ses

oreilles et, sur la tête, elle porte un superbe touret

de soie blanche maintenu par une mentonnière

de dentelle.

Morgan la dévisage. Elle ne ressemble plus du

tout à la clocharde qu’il connaît.

– Tu es si belle et si jeune ! Le nom de Fée te va

comme un gant, maintenant.

Elle rit et le remercie du compliment.

 
Corinne De Vailly

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