Nostalgie

J’ai des bonheurs, mais jamais un bonheur complet. Je suis habité par une souffrance aiguë, confuse et profonde, qui ne me quitte jamais. À vingt ans, je voulais écrire un livre sublime ; maintenant, je me contenterai d’un bon livre. Car ce livre, je le porte en moi. Mon travail d’écrivain, c’est le seul que j’aime vraiment, et c’est le seul que je parviens pas à faire. Tout me distrait et m’entraîne, je m’éparpille. J’ai l’ambition d’une gloire future mais pas d’ambition quotidienne. Tout me lasse très vite. J’aime tout le monde et personne, la pluie et le beau temps, la ville et la campagne. Je garde au fond de l’âme la nostalgie du bien, de l’honneur et des lois dont je ne me suis jamais soucié. Quoique fâché de ma mauvaise réputation, j’ai la faiblesse d’en tirer vanité. (…) Je ne m’aime pas, mais je me veux du bien.
Régine Deforges (La Bicyclette bleue)

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