Esseulés

La mort est une chose étonnante. Les gens passent leur vie entière à faire comme si elle n’existait pas, et pourtant elle est la plupart du temps notre principale raison de vivre. Certains d’entre nous prennent conscience de la fragilité humaine assez tôt pour vivre ensuite plus intensément, plus obstinément, plus furieusement. Quelques-uns ont besoin de sa présence constante pour se sentir vivants. D’autres sont tellement obsédés par la mort qu’ils s’assoient dans la salle d’attente bien avant qu’elle n’ait annoncé son arrivée. Nous la redoutons, et pourtant la plupart d’entre nous ont peur qu’elle n’emporte quelqu’un d’autre plus qu’elle ne nous emporte nous-mêmes. Car la plus grande crainte face à la mort est qu’elle passe à côté de nous. Et nous laisse esseulés.
Fredrik Backman

1 commentaire sur “Esseulés

  1. les roses de la vie
    Pierre de Ronsard
    Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
    Assise aupres du feu, dévidant & filant,
    Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant,
    Ronsard me celebroit du temps que j’estois belle.

    Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
    Desja sous le labeur à demy sommeillant,
    Qui au bruit de mon nom ne s’aille resveillant,
    Bénissant vostre nom de louange immortelle.

    Je seray sous la terre: & fantôme sans os
    Par les ombres myrteux je prendray mon repos ;
    Vous serez au fouyer une vieille accroupie

    Regrettant mon amour & vostre fier desdain.
    Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
    Cueillez dés aujourd’huy les roses de la vie.

    Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène,

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.