Vivre

Je pensais qu’en vieillissant, l’ombre de ce que j’ai vécu pendant la guerre s’estomperait, que j’oublierais un peu. J’ai l’impression que c’est le contraire : soixante-dix ans après mon retour, ce passé est de plus en plus présent en moi.
J’ai perdu mon sommeil d’enfant pendant la guerre et je ne l’ai jamais retrouvé. Je fais souvent le même cauchemar : la Gestapo me pourchasse. Mais je cours tellement vite que je me réveille. »
Anise Postel-Vinay

Les amoureux

Il semble que l’amour soit de toutes les passions humaines celle qui revêt les formes les plus diverses. Il n’y a guère qu’une manière de ressentir la haine, la colère, l’envie, et nous ne savons même pas d’ordinaire être sots avec originalité. Les amoureux, au contraire, ont chacun leur manière propre, tout comme les grands artistes et les fous.
Hyacinthe de Charencey

Un cri de vie

On a longtemps pris la parole de l’homme pour la vérité universelle et la plus haute expression de l’intelligence, comme l’organe viril constituait la plus noble expression de la sexualité. Il faut que les femmes crient aujourd’hui. Et que les autres femmes – et les hommes – aient envie d’entendre ce cri. Qui n’est pas un cri de haine, à peine un cri de colère, car alors il devrait se retourner contre elles-mêmes. Mais un cri de vie.

Benoîte Groult (Ainsi soit-elle)