Je vous écris

J’écris pour vous, je vous écris. Je sais que ce sont les femmes qui lisent, mais je ne pourrais pas écrire si je ne pensais pas, fût-ce de façon confuse, silhouette à contre-jour, que vous êtes un homme. C’est à vous que je parle, je vous parle de vous, de vous et moi. Je ne sais pas qui vous êtes, mais je vous vois, je vous devine, je vous peins, je vous parle, je vous invente: je vous écris.

Camille Laurens

Preuves d’amour

Si j’en crois mes observations, je dirais que la femme n’a pas accompli cette séparation, entre amour et sensualité, que l’on trouve chez l’homme. Les hommes se plaignent de ce que la femme a besoin d’être rassurée et qu’elle exige des preuves d’amour. Je crois que les femme ont toujours besoin des gestes qui font de l’acte sexuel un acte unique et non anonyme et purement sexuel.

Anaïs Nin

La lecture est un refuge

Lire, c’est un refuge pour se cacher des autres. Moi, tous ces mots me donnent parfois le tournis. Et j’ai trop peur de tomber à l’intérieur de ces pages qui racontent souvent le malheur du monde.

Gilles Paris (L’été des lucioles)

Les actrices

Les actrices se croient généralement obligées, dès qu’elles jouent des personnages antiques ou mythologiques, de prendre des poses plastiques, hiératiques, de psalmodier comme des prêtresses. Elles veulent jouer aux vases grecs, et font les cruches.

Paul Léautaud

Marqueur d’optimisme

Contrairement aux États-Unis, où le terme « résilience » est d’usage courant, tel un marqueur d’optimisme, en Europe il est plus difficile de l’imposer, comme si nous avions un penchant pour le misérabilisme.”
Boris Cyrulnik

Être artiste

Être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l’été puisse ne pas venir.
Rainer Maria Rilke

Les voies du cœur

Les voies du cœur sont impénétrables. Et elles aboutissent souvent à des attirances et à des accouplements étranges. Des extrêmes se rencontrent malgré les lois formelles de la géométrie. Des tigresses sont domptées par des agneaux. Des moutons amoureux dégénèrent en chiens enragés sous l’empire de la jalousie. De fortes matrones se laissent séduire par des gringalets aux biceps graciles. Des malabars rampent devant des nymphes frêles et perverses. L’amour a des motivations mystérieuses.
Jean Noli