Les gens disent la vérité dans leurs journaux intimes. Leur vérité, bien entendu. Et je vous pose la question : quel autre genre de littérature peut prétendre à un tel degré d’authenticité ? Pas les autobiographies, ni les déclarations de revenus ni les correspondances. Surtout pas les correspondances, bien au contraire ! « Cela fait une éternité que je voulais t’écrire » – absurde : alors, pourquoi ne pas l’avoir fait avant ? « Tu me manques » – plus qu’improbable, si on éprouve le besoin de le dire. « Je pense à toi tous les jours » – c’est rarement le cas. Selon moi, dans chaque lettre, on trouve une seule phrase sincère au milieu d’un tas d’impostures.
» Mais le journal intime ! C’est à ce compagnon de la nuit, compatissant, attentif et discret que l’on confie la vérité. Des confidences libératrices, tourmentées ou joyeuses, mais toujours sincères. Des paroles surgies d’outre-tombe, qui disent les peurs, les espoirs, les modestes ambitions. Tous ces mots sont assurément précieux – comment ne pas vouloir les préserver !
Irving Finkel