Tous les écrivains que nous admirons le plus ont quelque chose d’insaisissable, d’énigmatique, d’impersonnel en eux. Ils se mettent debout, lentement, et c’est alors qu’ils brillent. Ils n’en tirent aucune gloire directement et ils ne sont pas non plus exposés aux alternances de compliments et de blâmes issues de nos passions ou de nos préjugés. Leur vie est frêle, modeste, sans couleurs, comme un nuage de lait écrémé au fond d’une jarre. En fouillant dans leurs tiroirs, nous n’en saurons pas beaucoup plus sur eux. Tout a été distillé dans leurs livres.
Virginia Woolf