Longtemps, j’ai vécu sans que l’écriture soit au centre de ma vie, sans qu’elle soit essentielle au point de me définir. Longtemps, j’ai vécu en me sentant en permanence en décalage avec les autres, le monde. Et puis, un jour, par le plus grand des hasards (mais s’agissait-il vraiment d’un hasard ?), je me suis retrouvée sur un chemin qui n’était pas prévu. Même pas rêvé, en un sens. Un chemin qui m’a semblé familier. Comme si, enfin, j’étais chez moi. Comme si, enfin, j’étais moi. Je crois qu’il n’y a pas de plus belle chance que celle de parvenir à se trouver. Et peut importe les doutes permanents, l’insécurité de ne jamais savoir de quoi demain sera fait, le sentiment de ne pas être à la hauteur ou de ne pas être légitime, le syndrome lancinant de l’imposteur. Peu importe, au fond, car je crois qu’on n’est jamais un imposteur quand on est intimement persuadé de se trouver exactement là où l’on doit être.
Amélie Antoine