Le bonheur est le but de la philosophie, mais il n’est pas sa norme. La norme de la philosophie, comme de toute pensée digne de ce nom, c’est la vérité au moins possible. Penser ce qui me rend heureux ? Ce ne serait qu’une version sophistiquée – et sophistique – de la méthode Coué. Mieux vaut penser ce qui paraît vrai (quand bien même cette vérité serait cause d’abord de tristesse ou d’angoisse), et essayer, si on le peut, d’en tirer une certaine joie, fût-elle parfois amère, une certaine sérénité, un certain bonheur. La philosophie n’est ni un antalgique ni un euphorisant. Mais elle n’est pas non plus une pensée pure, gratuite ou désintéressée.
André Comte-Sponville
La question est posée : comment tirer de la joie de ce qui est de prime abord tristesse et angoisse ?