Les écrivains sont des gens étranges. Ils attendent toujours le dithyrambe, et font semblant d’en être heureux lorsqu’ils l’obtiennent. Mais une part d’eux-mêmes plus fragile, plus sincère, attend le jugement vrai, l’avis rarissime que n’aurait provoqué aucune compromission de camaraderie, de politique, d’édition. Il y a du masochisme dans le comportement de l’homme de lettres : il fait tout pour que ses succès ne lui apportent pas le bonheur qu’il en avait escompté.
Philippe Delerm