Les détracteurs ne manquent pas et s’appuient sur deux arguments : l’auteur a copié de façon effrontée sur les Anciens ; il imite des gens connus dont il montre les travers.Ces deux critiques demeurent, même si les intensités s’estompent avec le temps puisque les « modèles » ont disparu. Sur les sources et les copies, nul ne peut le nier. Les érudits se régalent de trouver tel ou tel vers recopié ou telle scène reprise de Plaute, Térence ou de ses contemporains comme Cyrano de Bergerac (ainsi la phrase de Scapin : « Qu’allait-il faire dans cette galère »), Rotrou ou Scarron, des auteurs italiens et espagnols, aussi. Ce type de recherches est passionnant ; il révèle les intertextualités et permet d’exhumer des textes que Molière a finalement écrasés par son jeu, sa verve. Oui, Molière vole arguments, caractères, situations, intrigues et vers, et il transforme ses larcins à l’aune de lui-même, donnant une unité à toutes ses pièces, unité qu’on appelle œuvre. Cette unité est son génie.
Christophe Mory