Il y a ainsi une poésie du langage qui court comme un ruisseau secret à travers nos poètes ; et qui est aussi pour beaucoup dans le goût qu’on prend des chansons populaires, qui en fait le mirage de ceux qui ont la science du langage. On dit d’elles qu’on aime leur naïveté, croyant expliquer le plaisir qu’on y prend, et sans voir que c’est ce plaisir qui est naïf. Je suis sûr que rien ne pourrait plus profondément réjouir ceux qui se croient tenus à la correction du parler, qu’une petite romance d’il y a deux ou trois cents ans où l’on dirait : je m’en rappelle…
Louis Aragon