L’homme seul

Sartre me reprochait parfois mon insouciance ; moi, je m’agaçais quand il se plongeait trop longuement dans un journal. Pour me justifier, j’invoquais la théorie de l’homme seul. Sartre m’objecta que « l’homme seul » ne se désintéresse pas du cours des choses ; il pense sans le secours d’autrui : cela ne signifie pas…Continue reading L’homme seul

La mer

Le soleil montait comme pour considérer de plus haut la vaste mer étendue sous lui; mais elle eut comme une coquetterie et s’enveloppa d’une brume légère qui la voilait à ses rayons. C’était un brouillard transparent, très bas, doré, qui ne cachait rien, mais rendait les lointains plus doux. L’astre dardait ses flammes, faisait fondre…Continue reading La mer

Prometteuse

C’est l’un des inconvénients et des miracles de l’enfance : on imagine les choses de travers. Et plus tard, quand on connaît la vérité – si tant est qu’il existe une vérité absolue –, il est difficile de dévider l’écheveau embrouillé de la chose imaginée, car la première image continue obstinément à surgir. On nage…Continue reading Prometteuse

En voyage

Je suis en voyage, me suis-je dit. Je n’ai plus d’identité. Celle-ci disparaît quand on est loin de chez soi. On n’a pas de travail, pas de domicile, pas de livres sur des étagères qui permettraient aux gens de savoir ce que vous lisez et qui vous êtes. Personne ne connaît vos amis, ni les…Continue reading En voyage