Je referme la porte pour la dernière fois. Voilà, j’ai tout perdu. Du moins mon cerveau enregistre cette donnée. Ce n’est guère le moment de philosopher ou de m’octroyer une dose de lucidité. Je suis déboussolé, livré à un flot d’angoisse et aux pelotons des exclus. A vrai dire, je garde ma dignité. Mais je n’ai plus de statut social. Ils ont supprimé mon poste. Ils ont brisé ma carrière. Nous sommes le 24 décembre. J’essaie de chasser de ma tête le mot chômeur, terrible mot qui renvoie à cette colère qui sourd en moi, comme un coup de tonnerre. J’ai l’impression que ma vie se fragmente. Je descends l’escalier. Je me retourne vers cette lourde porte. Je suis submergé par l’absurdité de cette situation.
Didier Souvenirs