Rien ne vient à nous que falsifié et altéré par nos sens.
Montaigne
Rien ne vient à nous que falsifié et altéré par nos sens.
Montaigne
On est toujours un. On ressent les choses, et on les pense. Dans notre société moderne, on a tendance à séparer le corps de l’esprit. Même dans l’édition, les livres qui parlent de la réflexion, ce sont des essais, les romans et la poésie sont des livres qui parlent plus du corps. Moi je ne pense pas. Je ne vois pas qu’il y a de frontière à cela. Ce n’est pas parce que je réfléchis que je ne vis pas. Et ce n’est pas parce que je bouge que je ne pense pas.
Dany Laferrière
Benoîte Groult a compté pour moi, je me souviens du jour, en 2012, où elle m’a dit être née sans avoir le droit de vote. Un témoignage qui rappelle combien ce droit de vote des femmes est un acquis récent. Dans son œuvre, me frappe sa capacité à percuter la réalité, à la mettre en mots simplement pour qu’elle surgisse et se révèle. Ainsi soit elle, c’est une écriture limpide qui nomme une réalité universelle qu’on méconnaît ou tente de taire. J’ai aimé en elle le combat féministe, mais aussi la romancière. Quand j’ai lu Les Vaisseaux du cœur, je lui ai téléphoné et lui ai dit que ce livre m’avait ému, bouleversé et que c’était un des plus beaux romans d’amour que je connaisse, elle m’avait répondu que ce compliment lui faisait plaisir, elle aimait qu’on retienne de son œuvre, outre le combat militant, également la littérature. Benoîte Groult n’a jamais cessé d’alerter les jeunes générations. Je retiens une de ses phrases : une féministe ne tue jamais personne, à laquelle j’ajoute qu’en revanche, dans notre pays, des machistes tuent tous les jours des femmes.
Caroline de Haas