L’amour est une chimère

Je n’ai pas eu souvent l’occasion de courir après le bonheur mais j’ai eu le sentiment de le rattraper, quelquefois. Bien sûr l’amour est une chimère et s’aborde de bien des manières différentes. Mais qu’il soit exclusif, libertin, imprudent, dévoué, il est un sel dont il serait dommageable de se passer.

Julien Salamon

Les couples de contraires

Les couples de contraires structurent l’existence. La chaleur a le froid. La lumière a l’obscurité. L’être humain a l’autre être humain. Si les contraires n’existaient pas, le mouvement de la vie s’arrêterait. Le temps aussi.Mais les contraires ne sont pas toujours où l’on croit. L’obscurité recèle une lumière singulière. Chaque sexe a aussi un domicile chez l’autre sexe…

Agneta Pleijel (Un hiver à Stockholm)

Un idéal de l’enfance

Est-ce que l’adulte qui fait une grande carrière dans le monde trahit l’adolescent intransigeant qu’il a été ? Est-ce qu’il y a un sens à se faire un idéal de l’enfance et à passer sa vie à se lamenter parce qu’on en a perdu l’innocence ?

Emmanuel Carrère

L’image littéraire

Il n’y a pas de poésie antécédente à l’acte du verbe poétique. Il n’y a pas de réalité antécédente à l’image littéraire. L’image littéraire ne vient pas habiller une image nue, ne vient pas donner la parole à une image muette. L’imagination, en nous, parle, nos rêves parlent, nos pensées parlent. Toute activité humaine désire parler. Quand cette parole prend conscience de soi, alors l’activité humaine désire écrire, c’est-à-dire agencer les rêves et les pensées. L’imagination s’enchante de l’image littéraire. La littérature n’est donc le succédané d’aucune autre activité. Elle achève un désir humain. Elle représente une émergence de l’imagination.

Gaston Bachelard

Petite vie

Petite vie, je te traîne, je te fuis, je te réserve ma dérision, petite vie, je te défie jusqu’aux larmes, jusqu’aux rochers où saigne ma lutte, petite vie, je t’aime rarement mais tendrement, je n’attends rien, je plie mes regrets en déséquilibre sous la pluie…

Didier Celiset

Le souverain amour

Le plus beau sentiment qui fasse battre le cœur est celui qui n’a pas de lendemain : rencontrer une femme adorable, l’aimer tout à coup doucement et furieusement, rêver ensemble que Dieu nous a jetés sur la terre pour nous rencontrer une heure dans le souvenir du ciel, sous les nuées de feu de notre âme soudainement amoureuse, enivrés par un baiser suprême quand le cœur se précipite sur les lèvres, voilà le souverain amour, voilà le bonheur inespéré. Une heure ainsi passée c’est un siècle, on s’en souvient toute la vie, on s’en souvient toute l’éternité.

Arsène Houssaye