Ecrire exige un engagement exclusif. On ne peut rien faire d’autre que cela : écrire. On ne doit être distrait par rien. On doit se consacrer entièrement au livre, lui sacrifier tout le reste. C’est un sacerdoce, une entrée en religion. Savez-vous que, même lorsque je n’écris pas, j’écris tout de même ? Le temps de la contemplation, celui de l’observation, celui de la mondanité, celui de l’oisiveté sont des temps qui servent à l’écriture. Dans ce désœuvrement apparent qui m’est si souvent reproché travaille en réalité un livre. La vie dans son entièreté est dédiée à l’écriture. Je ne vis que pour l’écriture. C’est impossible de faire autrement. Et cette nécessité devient encore plus aiguë quand on sent, comme moi, le terme de sa vie approcher à grands pas. Il me faut finir ces livres auxquels je me consacre. Comprenez qu’il n’y a rien de plus important que finir ses livres. J’espère qu’il me sera laissé suffisamment de temps. J’écris dans l’urgence, dans la fébrilité, dans la terreur. Vous allez penser que je suis en proie à une manière de frénésie presque maladive, et vous aurez raison.
Philippe Besson