Quand Baudelaire, champion de l’oxymoron écrit : « Chaque instant te dévore un morceau de délice …Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. », il définit parfaitement l’alchimie de la douleur, la nécessaire rencontre qui provoque la métamorphose des grands blessés de l’âme. Ils n’ont pas à choisir, eux, entre le pour et le contre, entre la thèse et l’antithèse. Ils sont blessés, c’est comme ça ! Ils n’ont qu’à s’adapter et être heureux quand même, s’ils le peuvent, dans la boue et la douleur : « Ô fangeuse grandeur ! sublime ignominie. »
Boris Cyrulnik