Une nuit, réveil en sueur, je contemple les étoiles. Il ne me reste plus qu’elles depuis que le monde s’est effondré, mon monde. Se retrouver seul, dans le noir, silence absolu, j’entends mon coeur battre. Battre pour une femme, une femme qui est partie. C’est un peu de mon âme qui a disparu, s’est envolé au milieu de ces étoiles. Alors des larmes coulent, celles d’un homme perdu, sans repère, sans envie, dans une putain de vie.
Il est écrivain, au devenir prometteur, mais l’inspiration n’y est plus, sa muse partie. La télé est allumée. Ou pas. Elle grésille, lueur grise dans la pénombre. On dirait un vieux Rintintin qui est diffusé. Un oiseau me parle, un cactus me répond, enfin, je ne sais plus trop. Hallucinations d’un insomniaque. D’ailleurs, que croire. Les images se confondent, de la réalité ou du rêve. J’invente, j’imagine, je rêve, je fabule, je divague. Ma vie, mon âme, mon oeuvre. Des larmes, des vagues, mon vague à l’âme. le jour se lève, ma vie est derrière moi. Il y a les larmes d’un homme qui ruissellent comme la pluie le long de la vitre. J’ouvre la fenêtre, vois le vide sous moi, le vide de ma vie, un chien aboie, le cabotin, pendant que le ciel vire à l’orange.
César Aira