L’écriture naît souvent d’une mince fracture entre pouvoir et fragilité. Le pouvoir des mots et l’extrême faiblesse qu’il y a à se manifester en eux. Les poètes s’imaginent être des dieux capables d’envoyer à l’univers des gammes de sensations qui tenteront d’émouvoir des inconnus alors que, dans le même temps, ils se sentent misérables de ne pas parvenir à conquérir les sommets de sensualité qu’ils s’imaginent pouvoir atteindre. Vulnérables d’eux-mêmes et des mots, ils s’emploient à devenir les illusionnistes d’un monde opaque, tout de mystères, où ils se devinent les élus désignés à en dissiper les énigmes.
Yves Simon