[…] Sarte n’accueillit pas sans malaise une renommée qui, tout en dépassant ses anciennes ambitions, les contredisait. S’il avait désiré les suffrages de la postérité, il ne pensait atteindre de son vivant qu’un public étroit […] grâce aux techniques modernes, à la rapidité des communications et des transmissions, ses oeuvres paraissaient en douze langues. C’était choquant pour un écrivain formé à l’ancienne, qui avait vu dans la solitude de Baudelaire, de Stendhal, de Kafka, la nécessaire rançon de leur génie. […] Comparée à l’obscurité de Baudelaire, la gloire idiote qui avait fondu sur Sartre avait quelque chose de vexant.
Simone de Beauvoir