Reconnaître que nous nous touchons les unes les autres par le langage semble particulièrement compliqué dans une société qui veut nous faire croire qu’il n’y a aucune dignité à éprouver de la passion, que de ressentir profondément revient à être inférieure, parce que dans le dualisme de la pensée métaphysique occidentale, les idées sont toujours plus importantes que la langue. Pour soigner la déchirure entre esprit et corps, nous autres marginalisées et opprimées essayons de nous retrouver et avec nos expériences de langage. Nous cherchons à faire de la place à l’intimité. Inaptes à trouver une telle place dans l’anglais standard, nous créons la parole cassée, sommaire, indisciplinée du vernaculaire.
Bell Hooks