Ce monde

Elle croit des choses qu’on ne lui a jamais dites Ni même murmurées à l’oreille Des extravagances telles qu’on frissonne
Elle s’imagine tenir dans sa main droite La terre ronde obscure Comme une orange qui fuit
La vie y est douce et profonde Hommes et femmes s’aiment à n’en plus finir Quant à la joie des enfants elle claironne Comme soleil à midi
Ni guerre ni deuil Ce monde est sans défaut Le chant profond qui s’en échappe Ressemble aux grandes orgues Des cathédrales englouties
Tout cela palpite dans sa main Rayonne à perte de vue Tant que le cœur verse une larme suspendue Au-dessus des villes et des champs
Anne Hébert

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