Je croise les chemins de tant de mémoires qui s’animent, ouvrent le cratère du dialogue. La mémoire est pleine de rires, d’humour. Plus nous sommes enserrés dans les soucis ou les douleurs, plus la mémoire se courbe pour aller chercher la dérision, le rempart le plus aiguisé contre le désarroi.
La journée passe vite quand on côtoie ces personnes qui colportent des souvenirs pour ressentir la solide sensation d’exister. J’ai du mal à m’extirper de ces moments, évitant de froisser ou de blesser ces amis qui acheminent leurs doses de mémoire, avec tant d’humilité. Même si j’ouvre difficilement les volets de ma mémoire, cette bâtisse de rêves et de blessures, forcément je suis amené à creuser des ouvertures et à livrer quelques anecdotes sur mon parcours.
La mémoire est un appui indéniable. Quand on évoque son enfance, immédiatement des images surgissent avec toutes les molécules du bonheur ou de la souffrance. Aussi, on pourrait dire qu’on ne quitte jamais l’enfance qui est masquée, repoussée, enfouie, oubliée parfois. Mais elle est là, vive et se mélange avec notre parcours. Elle est dans l’ombre de nos actes.
Extrait de La mémoire si vive
Auteur : Didier Celiset