La vérité est que le désenchantement du monde est très accéléré sur ce chemin qui est pourtant supposé faire revivre des émotions venues du fond des âges. Je dirais qu’il faut environ deux heures pour revenir à la réalité et la voir avec des yeux dessillés: le Chemin est un chemin, voilà tout. Il monde, il descend, il glisse, il donne soif, il est bien ou mal indiqué, il longe des routes ou se perd dans les bois et chacune de ces circonstances présente des avantages – et aussi pas mal d’inconvénients.Bref en quittant le domaine du rêve et du fantasme, le Chemin apparaît brutalement pour ce qu’il est : un long ruban d’efforts, une tranche du monde ordinaire, une épreuve pour le corps et l’esprit.Il faudra batailler rude pour y remettre un peu de merveilleux.
Jean-Christophe Rufin