C’est la qualité suprême de la rencontre : être un instant éternel ; «un peu de temps à l’état pur», aurait dit Proust. Rencontrer l’autre, c’est renaître… Alors que «la» rencontre, dans sa rareté, recentre, donne le sentiment d’être enfin en vie, de comprendre ce qu’on fabrique sur cette terre, le «semblant de rencontre», celle démultipliée, produit le sentiment inverse, un peu plus d’errance. On s’y perd dans ces rencontres qui n’en sont plus, où l’autre n’est que l’instrument d’un imprévu fabriqué par le probabilisme. Rencontrer, c’est d’abord rester en vie, avant d’en jouir.
Cynthia Fleury