Voici où je veux en venir : peut- être que vous pouvez vous permettre d’attendre. Peut-être que pour vous il y a un lendemain. Peut-être que pour vous il y en a mille, trois mille ou dix mille, tant que vous avez le luxe de vous y prélasser, de vous rouler dedans, de les laisser filer telle des pièces de monnaie entre vos doigts. Tellement de temps que vous pouvez le gâcher.
Mais pour certains d’entre nous, il n’y a qu’aujourd’hui. Et si vous voulez la vérité, on ne sait jamais à l’avance dans quelle catégorie on se range.
Lauren Oliver
bonjour ça me fait penser à Ronsard
Quand vous serez bien vieille
Pierre de Ronsard
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578