La langue de l’arbre

L’arbre dressé seul se laisse embrasser de loin , prendre par le regard., il est sur le bord de la route, dans le troisième tournant après la sortie du bourg, ou dans le pré, derrière la grange, à droite. On le connaît par les yeux, de loin. On peut aussi aller jusqu’à lui, marcher, s’approcher, le toucher, s’accoter, et faire avec lui le tour muet de son horizon immobile. Plus qu’une visite, ce serait un rendez-vous, et un hommage rendu, hors les mots. La langue de l’arbre s’invente dans ses mille bouches feuillues. Les chants du monde commencent là.

Marie-Hélène Lafon

Les voyageurs

Les voyageurs, les vrais, ils ont ça dans le sang. Même quand ils s’arrêtent, qu’ils ne vont nulle part, il y a toujours en eux une porte d’embarquement, un billet composté pour le rêve.
Marie-Sabine Roger

Les mots magiciens

Les mots : écrins qui recueillent une réalité esseulée et la métamorphosent en un moment d’anthologie, magiciens qui changent la face de la réalité en l’embellissant du droit de devenir mémorable, rangée dans la bibliothèque des souvenirs.

Muriel Barbery

Le pouvoir et le don

A tout être humain ont été concédées deux qualités : le pouvoir et le don. Le pouvoir conduit l’homme à la rencontre de son destin ; le don l’oblige à partager avec les autres ce qu’il y a de meilleur en lui.
Paulo Coelho

Les anciens philosophes

Ce que j’admire dans les anciens philosophes, c’est le désir de conformer leurs mœurs à leurs écrits : c’est ce que l’on remarque dans Platon, Théophraste et plusieurs autres. La Morale pratique était si bien la partie essentielle de leur philosophie, que plusieurs furent mis à la tête des écoles, sans avoir rien écrit ; tels que Xénocrate, Polémon, Heusippe, etc. Socrate, sans avoir donné un seul ouvrage et sans avoir étudié aucune autre science que la morale, n’en fut pas moins le premier philosophe de son siècle.

Chamfort

La manie des bilans

La manie de faire des bilans sur soi-même est une façon de tromper l’angoisse de n’être que ce que nous sommes : une caricature de notre idéal, l’ombre portée et déformée de notre sur-moi.
Georges Picard