Le chemin parcouru

Quand nous sommes enfants, puis adolescents, nous ne nous intéressons pas de près à ceux qui nous ont précédés. Nous avons bien trop soif d’immédiat et de sensations nouvelles. Nous avons le désir de découvrir le monde comme personne avant nous n’a su le faire. Il sera bien temps, plus tard – si nous vivons – de nous retourner. Je ne crois pas qu’on se met à penser au passé (a retourner aux sources) après la quarantaine parce qu’on est sur la « pente descendante ». Je crois plutôt que la vie est comme l’univers : elle se dilate, puis se contracte, alternativement. Je crois, aussi que retourner sur ses pas (sur les pas des prédécesseurs) n’est pas une manière de cultiver la nostalgie, mais de donner sens au chemin que nous avons, après eux, parcouru.

Martin Winckler

Une vie meilleure

Je m’aperçois que la vie que j’aurais aimée n’est pas possible, elle aurait mal fini de toute façon, ça ne sert à rien de s’inventer des histoires, ça ne sert à rien de penser à hier, de regretter, d’imaginer demain aussi, ça ne sert à rien, à rien, à rien du tout, ça ne me fait pas même du bien, je gagne du temps, je le sais, à rêver, à imaginer une vie meilleure, je gagne du temps, je grignote ce qui reste à grignoter, je prends à la vie ce qui me reste à prendre, je picore les miettes dans une assiette vide, j’espère, mais dans le fond… […] À quoi bon alors, à quoi bon dites-moi…

Serge Perez

Le hasard

Il y a toujours quelque chose de troublant dans l’idée que le hasard nous présente des visages qui ne nous disent rien sur le moment, que nous ne voyons même pas, mais qui un jour ou l’autre peuvent nous rattraper.

Michèle Lesbre

Peur du silence

Les gens parlent car ils ont peur du silence. Ils parlent machinalement, à haute voix ou chacun à part soi, ils se grisent de cette bouillie vocale qui englue tout objet et tout être. Ils parlent de la pluie et du beau temps, il parlent d’argent, d’amour, de rien. Et ils emploient, même quand ils parlent de leurs amours sublimes, des mots cent fois dits, des phrases usées jusqu’à la trame. Ils parlent pour parler. Ils veulent conjurer le silence…
Andreï Makine

La voix de son coeur

La femme est un monde mystérieux, incompréhensible. Elle se désintéresse de la logique ordinaire et n’écoute que la voix de son coeur. C’est pourquoi l’homme n’arrivera jamais à sa hauteur…
Duong Thu Huong