Quand nous sommes enfants, puis adolescents, nous ne nous intéressons pas de près à ceux qui nous ont précédés. Nous avons bien trop soif d’immédiat et de sensations nouvelles. Nous avons le désir de découvrir le monde comme personne avant nous n’a su le faire. Il sera bien temps, plus tard – si nous vivons – de nous retourner. Je ne crois pas qu’on se met à penser au passé (a retourner aux sources) après la quarantaine parce qu’on est sur la « pente descendante ». Je crois plutôt que la vie est comme l’univers : elle se dilate, puis se contracte, alternativement. Je crois, aussi que retourner sur ses pas (sur les pas des prédécesseurs) n’est pas une manière de cultiver la nostalgie, mais de donner sens au chemin que nous avons, après eux, parcouru.
Martin Winckler