L’écriture m’a isolé du monde. J’écris cinq ou six heures par jour, sept jours sur sept. Et toute l’année, sans répit. C’est le piège de l’écriture qui donne tant de plaisir et en même temps place l’écrivain dans une bulle. Mais ailleurs, il y a parfois ce moule immuable, fourbes, ingrats, cancaniers. Certes, les malveillants n’envahissent pas le monde. Pourtant le destin expédie sur ma route, les jaloux et pernicieux.
Je monte un spectacle et je reçois une rafale de critiques. Aussi l’écriture m’offre ce privilège de régler mes comptes avec les préjugés. Les mots prennent le pouvoir. Quel bonheur d’écrire ! Je partage ce temps d’écriture entre l’esquisse d’une société fallacieuse et un retour sur ma vie. Je sais que je n’achèverai pas ce roman sans ténacité. En ce sens l’écriture permet de progresser. Par le biais de l’écriture, je tente de décrier les injustices. Et je sais aussi me remettre en question. Prendre le chemin de l’introspection, c’est accepter toutes ses faiblesses. En écrivant, les mots me soulagent ou me blessent. C’est salutaire. Les mots me rappellent que la vie est courte, que je suis si imparfait…
Didier Celiset