On invente un peu le livre qu’on lit. Un jour, un lecteur m’a parlé d’une scène dans un de mes livres. Je ne reconnaissais rien. Et puis j’ai fini par comprendre de quoi il s’agissait: il avait changé les sexes des personnages, les situations, les dialogues, les lieux, à peu près tout. J’ai trouvé ça formidable. Il avait entièrement reconstruit le livre-pour lui- C’était magnifique, c’était cette idée que le lecteur écrit le livre qu’il lit. Je ne perçois pas du tout la dimension régressive de la relecture. La relecture me fait toujours avancer. Je ne suis pas dans une répétition vaine. Ce sont soit des redécouvertes, soit des retrouvailles selon d’autres angles.
Laure Murat