Il ne suffit pas de dire, en effet, qu’un amour “a“ un avenir, comme si le futur était extérieur à l’objet qu’il caractérise : mais l’avenir fait partie de la forme organisée d’écoulement de cet “amour“, car c’est son être au futur qui donne à l’amour son sens d’amour. (…) Le futur est déjà : sinon comment mon amour serait-il amour ? Seulement il n’est pas donné encore : c’est un “maintenant“ qui n’est pas encore dévoilé. Il perd donc son caractère de possibilité-que-j’ai-à-être : mon amour, ma joie n’ont pas à être leur futur, ils le sont dans la tranquille juxtaposition, comme ce stylo est à la fois plume et, là-bas, capuchon.
Jean-Paul Sartre