Dites, les mots souffrent-ils ?
Mais de quoi souffriraient-ils ? Sinon de l’oubli, de leur fragilité et leur éclat ?
Passant de bouche en bouche, ou de bouche en oreille, sans qu’il leur soit prêté beaucoup plus d’attention qu’à de simples bruits. Devenus choses communes, ou vieille monnaie usée, sans aucune mémoire de ce vide qu’il leur appartint de creuser dans la tête de l’homme.
Est-ce au poète de leur prodiguer ses soins, ou de les faire souffrir davantage ?
Virginia Woolf