Mon coeur bat. Un délicieux frisson parcourt mon corps. Le français. J’aime le français. Comment se fait-il que je l’aime d’entrée ? Pourquoi me bouleverse-t-il ainsi ? D’où émane son charme qui m’envoûte ? De sa sonorité nasale ? De ses accents aigu et grave ? Qu’est-ce que c’est que cet accent circonflexe ? Je n’arrive même pas à le prononcer correctement et je l’aime. A côté du français que je découvre à peine, l’anglais que je connais de si longue date m’apparaît soudain superficiel et dépourvu d’âme.
L’âme ! Oui, c’est cela. Le français a une âme, tandis que l’anglais n’est qu’un corps massif. Je saisis ce qui vient de se produire : le français est entré dans ma chair et dans mon âme, tandis que le français est resté sur ma peau. Ciel ! Je voudrais que mon professeur continue encore des heures et des heures à m’emmener dans la profondeur de cette langue qui ne m’est déjà plus tout à fait étrangère. Je voudrais m’avancer toujours plus loin pour pénétrer ses mystères, quitte à m’y perdre définitivement. M’y perdre ? Non, au contraire. Je trouverai dans sa profondeur ce que je cherche. Ce que tu cherches ? Qu’est-ce que tu cherches ? Je ne sais pas. En tout cas, je sens que c’est dans le français que je le trouverai.
Eun-Ja Kang