Quand on est devant la mer, tout peut apparaître, disparaître, comme sur une pierre qui n’a pas été sculptée. C’est peut-être pour cela, parce que tout est possible, comme sur une planète étrangère, que les hommes viennent vers elle. C’est peut-être parce qu’il n’y a pas de murs, pas de barrière. Parce que c’est le lieu du danger.Alors chaque jour, tandis qu’au dehors, dans les couloirs et les abris des villes, dans les cachettes des montagnes, à la source des fleuves, la vie amoncelle les années et trace ses dessins toujours semblables, ici apparait la nouveauté.Chaque jour nait ici, puis se détruit puis se refait, au rythme du ressac.Ils viennent la voir. Ils l’aiment. Ils viennent voir ce qui a été inventé, comme cela, chaque jour, rien qu’avec la mer et le ciel.
J.M.G. Le Clézio