Du pays des dieux

Je viens du pays des dieux, répliqua-t-il, le visage soudain illuminé. D’Argentine. Là où le soleil est une orange géante et où le ciel est si vaste qu’il est un reflet du paradis.

Santa Montefiore (L’arbres aux secrets)

Le livre, un refuge

Un livre, c’est une hospitalité qui est offerte, une sorte d’abri que l’on peut emporter avec soi, où l’on peut faire retour, un refuge où résonne comme l’écho lointain de la voix qui nous a bercés, du corps où nous avons séjourné. L’aspect matériel du livre, sous sa forme actuelle de codex, concourt peut-être à ce caractère accueillant.
Michèle Petit

Passions humaines

Il semble que l’amour soit de toutes les passions humaines celle qui revêt les formes les plus diverses. Il n’y a guère qu’une manière de ressentir la haine, la colère, l’envie, et nous ne savons même pas d’ordinaire être sots avec originalité. Les amoureux, au contraire, ont chacun leur manière propre, tout comme les grands artistes et les fous.
Hyacinthe de Charencey

L’âme

Je préfère peindre les yeux des hommes que les cathédrales, car dans les yeux il y a quelque chose qu’il n’y a pas dans les cathédrales, même si elles sont majestueuses et qu’elles en imposent, l’âme d’un homme, même si c’est un gueux ou une fille de rue, est plus intéressante à mes yeux.
Vincent van Gogh (Lettre de Van GOGH à Théo)

Plaisir des illusions

Le plaisir le plus solide de cette vie est le vain plaisir des illusions. Je tiens en un sens les illusions pour des réalités, puisqu’elles sont un des ingrédients essentiels et communs de la nature humaine.
Giacomo Leopardi

La modestie vraie

La modestie vraie ne peut être qu’une méditation sur la vanité. Elle naît du spectacle des illusions d’autrui et de la crainte de s’égarer soi-même. Elle est comme une circonspection scientifique à l’égard de ce qu’on dira et de ce qu’on pensera de soi.
Henri Bergson

La faute inexpiable

Les hommes ont toujours été ravis quand nous étions capricieuses, coquettes, jalouses, possessives, vénales, frivoles. .. excellents défauts, soigneusement encouragés parce que rassurants pour eux. Mais que ces créatures-là se mettent à penser, à vivre en dehors des rails, c’est la fin d’un équilibre, c’est la faute inexpiable.
Benoîte Groult

Les circonstances de la lecture

Les circonstances de la lecture font partie de la lecture : aussi bien le livre concret que son apparence, son format, son poids, sa typographie, que le volume d’espace réel au sein duquel nous l’avons lu : un train, un lit, une herbe. Le livre, l’œuvre, est cela pour nous. Il est tout autant que la lettre exacte de son texte, vérifiable en le rouvrant ( et pas toujours compatible avec notre souvenir!), ce que nous en avons retenu (les « circonstances » en font partie). Tout autant que l’immobilité stable de ses mots, dans ses pages, l’allure de nos yeux sur ses lignes, l’intensité variable de notre regard. Mais les livres que nous avons lus « colorent » en retour, d’une manière au moins aussi forte, les lieux et les circonstances dans lesquels nous les avons ouverts.
Jacques Roubaud