Les Ombres errantes

Sans solitude, sans épreuve du temps, sans passion du silence, sans excitation et rétention de tout le corps, sans titubation dans la peur, sans errance dans quelque chose d’ombreux et d’invisible, sans mémoire de l’animalité, sans mélancolie, sans esseulement dans la mélancolie, il n’y a pas de joie. Pascal Quignard

Donnez moi un pourquoi

Loin. Sans réussir à m’en faire une raison. […] En demandant de l’aide aux étoiles. Dehors, sur le balcon, en fumant une cigarette, puis en suivant la fumée jusqu’au ciel, en haut, encore plus haut, au delà.. Là bas, juste là où nous avions été. Combien de fois j’ai nagé dans cette mer nocturne, En haut, en bas, sans arrêt. Avec l’Hydre, Persée, Andromède.. Jusqu’à Cassiopée. Première étoile à droite et puis tout droit, jusqu’au matin. Encore plus loin. Et je demandais à toutes : “Vous l’avez vu ? Je vous en prie.. J’ai perdu mon étoile. Mon île n’est plus. Où est-elle, maintenant ? Que fait-elle ? Avec qui ?” Autour de moi, je n’entends que le silence des étoiles, embarrassées. Le bruit pénible de mes larmes infinies. Et moi, stupide, qui voulais ou espérais trouver une réponse. Donnez moi un pourquoi, un simple pourquoi, n’importe lequel. Mais quelle idiote. C’est bien connu. Quand un amour finit, on peut tout trouver, sauf un pourquoi.
Federico Moccia

L’art

L’art est ce qui nous permet de vivre sans sombrer dans la folie, sans exploser, sans nous transformer en blessure, en malheur, en fusil. Il est ce qui permet malgré tout à l’homme de se pardonner les imperfections de sa condition humaine.

Jon Kalman Stefansson

La lecture des romans

La lecture des romans est un besoin de l’humanité. Elle répond à sa faiblesse qui est la paresse, à sa force qui est le sentiment et l’activité. L’homme est une bouteille de vin mousseux qui aime à éclater et qui n’aime pas à éclater. Il n’aime pas à éclater parce qu’il est paresseux par essence : il passe l’éternité à inventer des moyens de ne rien faire. Il aime à éclater parce qu’il ne veut pas que son contenu le brise. La lecture des romans fait sauter le bouchon sans déranger ni la bouteille ni les bouteilles voisines.

Max Jacob

Le bonheur se rectifie

Le bonheur est une illusion d’optique, deux miroirs qui se renvoient la même image à l’infini. N’essayez pas de remonter à l’image d’origine, il n’y en pas. Ne dites pas que le bonheur est éphémère. Le bonheur n’est pas éphémère. Le sentiment ressenti et pris pour le bonheur quand on est amoureux, quand on a réussi quelque chose, c’est le sursis avant de comprendre l’erreur : l’être aimé ne ressemble à rien, ce que vous avez réussi ne rime à rien. Cela ne vous rend pas malheureux, mais conscient. Le bonheur ne se finit pas, il se rectifie.

Lolita Pille

Un intercesseur

Comme j’ai besoin de quelqu’un entre le vide et moi, entre l’énigme et moi. Un intercesseur entre la vie, le temps, l’espace et moi. Quelqu’un qui m’abrite, m’aide à supporter ce que j’ignore, ce que je sais.

Viviane Forrester

La pertinence culturelle

Le lieu qui porte notre entité plonge ses racines dans un fragment du temps qui est personnel à chacun. A partir de là, nous n’évoluons plus. Cela se vérifie pour tout le monde. Je pense que le passé nous en offre des exemples flagrants. Prenez les Grands, essayez de comprendre l’engagement social de Steinbeck, ou Conrad et la mer, ou bien Kafka, l’empire du minimalisme austère de sa bureaucratie sans visage dans Le Procès ou Le Château, et vous constaterez que c’est toujours la même histoire qui revient. Quand vous écrivez, plus que dans n’importe quelle autre profession, vous survivez à votre propre pertinence culturelle et, par conséquent, à votre utilité dans le monde.

Michael Collins

Le repaire des âmes

Le repaire des âmes. C’est ainsi que les égyptiens désignaient cette conscience collective. C’est une notion que l’on retrouve depuis les temps les plus reculés dans presque toutes les religions.

Gilles Legardinier