Les fêlures

En nous tous il y a une fêlure, nous emballons proprement la somme de nos expériences maladroitement collées les unes contre les autres pour nous défendre contre le monde. Et ce qui nous rend humains, c’est que, parfois, nous voyons rouge. Dans ces instants libérateurs, nous sommes plus proches des dieux que nous le soupçonnons.

Mark Lawrence

Pour écrire

Elle avait l’intuition que, pour écrire, il ne fallait presque plus vivre. Seulement s’isoler, glacer le temps, pour en tirer, à force de ténacité, des cristaux transperçants.

Michèle Manceaux

Ma portion d’éternité

Tout ce que je demande au Bon Dieu, quand il m’arrive de m’adresser à lui – sait-on jamais ?, c’est de m’accorder le privilège de continuer à gratter tranquillement du papier jusqu’à la fin de mon séjour ici-bas, et même d’empiéter quelque peu sur ma portion d’éternité, si c’est possible : j’ai tellement de projets que je crains d’arriver un peu court, vers la fin.

François Gravel

La vie amoureuse

Je n’ai plus envie de fréquenter qui que ce soit. Tout ça pour découvrir ensuite un type qui se révélera un invalide des sentiments, un raté des émotions ou un incompétent de la vie amoureuse, comme la plupart de ses semblables. C’est bon, ils ne valent pas tout le mal qu’on se donne pour eux.

Agnès Abécassis

Des choses graves

Cessez de sourire devant vos écrans, je vous parle de choses graves. Je vous parle de l’avenir de l’humanité. Cela ne pourra plus durer. Ce mode de vie n’a pas de sens. Nous gaspillons tout, nous détruisons tout. Les forêts sont laminées pour faire des mouchoirs jetables. Tout est devenu jetable : les couverts, les stylos, les vêtements, les appareils photo, les voitures, et sans vous en apercevoir vous devenez vous aussi jetables. Renoncez à ce genre de vie superficielle. Vous devez y renoncer aujourd’hui, avant qu’on ne vous force à y renoncer demain.

Bernard Werber

Bribes de bonheur

Il y avait des moments de panique et de vide, des échos de rires, des flambées de souvenirs, la fatigue fouillait dans le tout-à-l’égout de la mémoire et rejetait à la surface des bribes de bonheur. Le reste était angoisse et remords. Chaque minute qui passait paraissait arrachée à un temps fossilisé.

Romain Gary (Clair de femme)