Dans la bulle de l’ego, la moindre contrariété prend des proportions démesurées. L’étroitesse de notre monde intérieur fait qu’en rebondissant sans cesse sur les parois de cette bulle, nos états d’esprit et nos émotions s’amplifient de manière disproportionnée et envahissante. La moindre joie devient euphorie, le succès nourrit la vanité, l’affection se fige en attachement, l’échec nous plonge dans la dépression, le déplaisir nous irrite et nous rend agressifs. Nous manquons des ressources intérieures nécessaires pour gérer les hauts et les bas de l’existence. Ce monde de l’ego est comme un petit verre d’eau : quelques pincées de sel suffisent à le rendre imbuvable. A l’inverse, celui qui a fait éclater la bulle de l’ego est comparable à un grand lac : une poignée de sel ne change rien à sa saveur.
Matthieu Ricard