A-t-on un jour établi un inventaire des silences ? Celui de l’ennui, quand on se demande quand on pourra se lever et se barrer ; le silence perplexe, rebelle, réprobateur quand on a décidé que notre opposition ne se manifesterait pas par l’intermédiaire de mots, mais par une attitude, un visage renfrogné, des sourcils froncés, des bras croisés sur le torse ; le silence complice, aimant, attendri, lorsqu’un sourire qui remonte jusqu’aux yeux devient une déclaration, etc. Tant d’émotions s’engouffrent dans cette absence de mots. Quelqu’un devrait s’atteler à cette énumération parce que les silences sont révélateurs, souvent bien plus que les mots. D’un autre côté, c’est si ardu à décrire, ce mutisme choisi. Il s’agit de perception, d’intuition.
Antoine Page