L’immanence du poème, sa pénétration des âmes, était au fond aussi mystérieuse que celle-ci. Elle croyait que lorsque des poèmes étaient écrits dans un pays donné, très vite ils se répandaient ailleurs, propulsés par leur seule évidence, leur seule existence, au-delà des distances, des ciels, des mers, des continents, des régimes politiques, des interdits. Elle était quelqu’un qui avait tendance à croire que partout on écrivait le même poème sous des formes différentes. Qu’il n’y avait qu’un seul poème à atteindre à travers toutes les langues, toutes les civilisations.
Marguerite Duras