D’emblée ce sont ces mains qu’il faudrait décrire. Celles-là travaillent, travaillent tout le temps, ce sont des outils d’une technicité folle, des instruments sensibles qui fabriquent, qui touchent, qui éprouvent – des capteurs. Les phalanges surtout impressionnent, étirées, puissantes comme des doigts de pianiste capables d’aller chercher trois octaves plus loin la bonne note, capables de se déplier en trois mouvements, de se désarticuler, capables de combiner plusieurs gestes à la fois. Mains de travailleur et mains d’artistes donc, de drôles de mains.
Maylis de Kerangal