L’invisible que l’œuvre littéraire rend visible, qui n’est pas la réalité évidente, banale, déjà dévoilée, connue, prospectée en tous sens, et que chacun peut percevoir sans effort, qu’est-ce que c’est ? C’est quelque chose qui est fait d’éléments épars, que nous devinons, que nous pressentons très vaguement, d’éléments amorphes qui gisent, privés d’existence, perdus dans la masse infinie des possibilités, des virtualités, fondus en un magma, emprisonnés dans la gangue du visible, étouffés sous le déjà-vu, sous la banalité et la convention.
Nathalie Sarraute