Le roman avance dans la brume, il charrie tout ce qu’il peut prendre dans son cours, rivière étrange, fleuve gros d’alluvions (parfois aussi il se fait ruisseau douillet, allons, et distille son humour consolateur) ; il brasse en les déplaçant tous ces traumatismes dont on hérite sans bien les comprendre, il les rejoue, il les magnifie à sa façon, il les exalte, il vous permet d’y rejouer les vôtres (ces histoires de famille qui nous hantent de mille façons étranges, comme si elles avaient innervé nos gènes, muettes, opaques, actives, sournoises et souterraines, travaillant notre chair, et dont il faudrait arriver à se dire que ce ne sont pas les nôtres), ce n’est pas de tout repos, mais ça nous rassemble.
Christine Montalbetti