Mais c’est que toute poésie est, en un sens, une poésie de situation : essayer d’exprimer sa situation vis-à-vis de l’univers qu’embrasse la conscience est, de toute éternité, un besoin.
Au travail, les artistes ! La rue meurt de vos silences ! Que les pouvoirs gardent les ruines et que poussent les ronces dévorantes ! Au travail ! On part à pieds avec le vent dans les mains. Pétris de certitude que l’éternité est là, et que sa rumeur sous nos pas s’enfonce dans le sable. Nulle trace que ce verbe qui ne meurt jamais que si l’on lui laisse le pouvoir de se taire.
Pierre Marcel Montmory – trouveur
Aucun des poètes que je connais n’écrit des poèmes. Ils sont vagabonds, aventuriers, patrons, bandits ou, comme moi, jongleurs du verbe et vendent leur plume à prix d’or, et après se prélassent dans les bras des muses bien en chair, et laissent leur génie improviser sur la musique au rythme de leur cœur des chansons de meurtriers, de banquiers et de noceurs. Ils sont enchantés par la vie et jouissent à chaque heure, quelques soient les épreuves que leur envoie le destin comme jeu de hasard. Ils jouent les poètes à l’occasion, et citent de mémoire inventée des vers de circonstances, en vidant leur verre au bar des rencontrances, pour amuser des collègues ou rabrouer les bègues, pour émoustiller les gueuses après palabres, car eux ils savent qui on lève : des cailles ou des perdreaux. Toute occasion est bonne pour lever son chapeau, au poète incognito qui retombe dans le fossé, après qu’on ait abusé de sa probité. Aucun des poètes que je connais n’est poète, car alors il leur faudrait renaître, pour un destin exceptionnel, prêts à embarquer pour une croisière infinie, autour des épaules de la mappemonde, et ramasser avec un filet les épaves brûlantes des marins comiques qui galèrent en maudits dans des dimensions cosmiques. Aucun n’est poète assez pour s’amuser à répéter l’inlassable paresse d’oisifs qui restent sur les quais ayant raté tous les trains et toutes les marées. La poésie est bien le synonyme de la vie. Bien des poètes heureux l’ont compris. Après avoir vidé les vers de ta besace, pense à te refaire des as si tu veux gagner toutes les parties comme maître de ta vie, jusqu’à ta mort, suscite l’envie et la jalousie, et sache courir, car le courage consiste à être lâche. Les plus vieux guerriers m’ont compris qui ont toujours su tirer du feu leur parti, après les perdants et les morts.
Pierre Marcel Montmory – trouveur
N’écris pas pour passer le temps
Ne joue pas au poète
Le poète ne joue pas et n’écrit pas pour passer le temps.
Le jeu est vicieux et le temps arrogant
Le peintre ne décore pas la vie
La vie est son décor
Le danseur ne fait pas le beau
Le beau le torture affreusement
Le musicien ne distrait pas longtemps
Le silence mortel le rattrape
L’interprète obéit à un génie
Quand les muses l’inquiètent
L’écrivain recopie des images muettes
Et des paroles murmurées
N’écris pas pour passer le temps
Ne joue pas au poète
Si tu n’entends rien reste sourd
L’expression est au sentiment
Creuse profond la terre
Au fond sont les tourments
Au travail, les artistes ! La rue meurt de vos silences ! Que les pouvoirs gardent les ruines et que poussent les ronces dévorantes ! Au travail ! On part à pieds avec le vent dans les mains. Pétris de certitude que l’éternité est là, et que sa rumeur sous nos pas s’enfonce dans le sable. Nulle trace que ce verbe qui ne meurt jamais que si l’on lui laisse le pouvoir de se taire.
Pierre Marcel Montmory – trouveur
Aucun des poètes que je connais n’écrit des poèmes. Ils sont vagabonds, aventuriers, patrons, bandits ou, comme moi, jongleurs du verbe et vendent leur plume à prix d’or, et après se prélassent dans les bras des muses bien en chair, et laissent leur génie improviser sur la musique au rythme de leur cœur des chansons de meurtriers, de banquiers et de noceurs. Ils sont enchantés par la vie et jouissent à chaque heure, quelques soient les épreuves que leur envoie le destin comme jeu de hasard. Ils jouent les poètes à l’occasion, et citent de mémoire inventée des vers de circonstances, en vidant leur verre au bar des rencontrances, pour amuser des collègues ou rabrouer les bègues, pour émoustiller les gueuses après palabres, car eux ils savent qui on lève : des cailles ou des perdreaux. Toute occasion est bonne pour lever son chapeau, au poète incognito qui retombe dans le fossé, après qu’on ait abusé de sa probité. Aucun des poètes que je connais n’est poète, car alors il leur faudrait renaître, pour un destin exceptionnel, prêts à embarquer pour une croisière infinie, autour des épaules de la mappemonde, et ramasser avec un filet les épaves brûlantes des marins comiques qui galèrent en maudits dans des dimensions cosmiques. Aucun n’est poète assez pour s’amuser à répéter l’inlassable paresse d’oisifs qui restent sur les quais ayant raté tous les trains et toutes les marées. La poésie est bien le synonyme de la vie. Bien des poètes heureux l’ont compris. Après avoir vidé les vers de ta besace, pense à te refaire des as si tu veux gagner toutes les parties comme maître de ta vie, jusqu’à ta mort, suscite l’envie et la jalousie, et sache courir, car le courage consiste à être lâche. Les plus vieux guerriers m’ont compris qui ont toujours su tirer du feu leur parti, après les perdants et les morts.
Pierre Marcel Montmory – trouveur
N’écris pas pour passer le temps
Ne joue pas au poète
Le poète ne joue pas et n’écrit pas pour passer le temps.
Le jeu est vicieux et le temps arrogant
Le peintre ne décore pas la vie
La vie est son décor
Le danseur ne fait pas le beau
Le beau le torture affreusement
Le musicien ne distrait pas longtemps
Le silence mortel le rattrape
L’interprète obéit à un génie
Quand les muses l’inquiètent
L’écrivain recopie des images muettes
Et des paroles murmurées
N’écris pas pour passer le temps
Ne joue pas au poète
Si tu n’entends rien reste sourd
L’expression est au sentiment
Creuse profond la terre
Au fond sont les tourments
Et si ton geste est utile
Jaillira une lumière
Du savoir garde le fanal
Emploie-le pour le bien
Tu feras le pain
Avec la farine de chacun
Tu feras l’oiseau
Si on te donne des ailes
Pierre Marcel Montmory – trouveur
MERCI Pierre Marcel Montmory