Au bord de la page blanche, au moment de quitter la rive pour embarquer en écriture, j’ai redouté tous les écueils. Celui du travestissement d’une biographie « romancée », installée dans la toute-puissance de l’invention ; celui d’une vie fantasmée, nourrie de mes envies d’y voir ce que je désire, et rien d’autre ; celui du fragment du parcellaire, des « morceaux choisis », de l’éclatement d’une existence réduite à quelques choix forcément arbitraires. Celui de la complaisance, du mausolée de marbre blanc et des roses éternelles ; celui du miroir ou je vais chercher mon double, une image fusionnelle, un reflet que je réduirai, de toutes mes forces, à mon champ de vision et à mon histoire.
Gaëlle Josse