Aussi loin que je puisse remonter, c’est-à-dire vers ma douzième année, le besoin d’écrire s’identifie pour moi au besoin de conserver, de faire durer. Vers ma douzième année, je fis avec ma mère un voyage de quelques jours à la campagne dont je tirai un cahier, une sorte de roman humoristique (!) intitulé Le Voyage à Beersel. J’avais écrit auparavant un ou deux cahiers sur des sujets assez fantastiques : des histoires à la Jules Verne, des romans de scaphandriers. Mais ils ne m’avaient pas procuré la même satisfaction que ce « roman vécu ». L’impression que ce voyage bien que terminé était « utilisé », qu’il existait une deuxième fois, et cette fois d’une existence définitive, qu’il y avait à la vie un mode d’emploi, une façon de n’en rien perdre, cela me donna pour la première fois un sentiment de sécurité, une paix, que pendant de longues années je trouvais en écrivant, rien qu’en écrivant.
Françoise Mallet-Joris
Bonjour. J’ai aujourd’hui décidé de parcourir votre blog et j’avoue être agréablement surprise. A croire que vous avez exploré et êtes allé aux confins de l’univers. J’aime beaucoup la théâtralité et la majestueuse écriture. Tout semble si léger mais profond, l’on dirait que les mots ont décidé de se coucher, former une chaîne et que vous n’êtes qu’u intermédiaire. N’arrêtez jamais décrire, continuez à nous régaler. De cet article, je retiens qu’arrêter d’écrire pour moi, serait arrêter de vivre. Bonne continuation.
Bonjour Samba, je suis très touché par votre ressenti. Didier