Une joie de vivre

Cela me prend, parfois, cette force irraisonnée. Une joie de vivre, l’envie de tout voler, tout croquer, tout distribuer. Cela me vient avec la douceur d’une brise de juin, la couleur d’un taxi au coin d’une rue, le frémissement d’un arbre. Je vibre à l’unisson d’un grand accord qui me plaque sur le monde, je suis belle, je suis bonne, je suis géante, si bien dans chaque fibre de ma peau que l’accord se prolonge et résonne, résonne. Cela dure une minute, une heure, deux heures ou plus, mais je goûte chaque parcelle de ce temps à faire craquer le temps, à le rendre élastique, à y enfourner toute la fougue, la jubilation, l’énergie du monde.
Katherine Pancol

Aimer

Aimer quelqu’un qui vous aime aussi, c’est du narcissisme. Aimer quelqu’un qui ne vous aime pas, ça, c’est de l’amour.
Frédéric Beigbeder (L’amour dure trois ans)

Je t’aime

Je t’aime est sans emplois, il n’est pris sous aucune contrainte sociale. C’est un mot socialement baladeur, il peut être un mot sublime, solennel, léger, il peut être un mot érotique, pornographique. Ce mot est sans nuances, il supprime les explications, les aménagements, les degrés, les scrupules, il est toujours vrai, il n’a d’autre référent que sa profération. Ce mot est sans ailleurs : c’est le mot de la dyade amoureuse ou maternelle. Ce mot ne transmet pas un sens et s’accroche à une situation limite, celle où le sujet est suspendu dans un rapport spéculaire à l’autre.
Roland Barthes