J’ai donné tous les éléments mais je vais m’expliquer quand même. La mise en mémoire de la langue par la poésie, la poursuite d’une mise en mémoire d’une langue par un exercice particulier de la poésie ont une caractéristique commune remarquable : l' »inachèvement ». La poursuite de la langue par la poésie est une poursuite sans fin. Cela est vrai non seulement de la poésie en général, mais de toute poésie, de chacune. La poursuite de la mémoire est également une entreprise inachevable : inachevable par l’humanité ; inachevable, s’agissant de sa propre mémoire, par chacun. La mémoire et la poésie entendue comme mémoire sont marquées toutes deux du signe d’un inachèvement perpétuel.
Jacques Roubaud